Mes nouvelles

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Pastel à l'huile sur la 1ère de couverture du recueil : Ainsi soit scie qui mal y pense

La Maison de L’Écriture et de la Lecture présente un recueil d’une grande intensité dramatique. Les contextes  des nouvelles sont très variés, mais ce qui ne change pas, c’est la force émotionnelle de chacune d’elles. Nadja Serguéiévitche (alias Nadia Leclerc), poète et nouvelliste de talent, campe des situations de détresse sociale ou psychologique, des coups de folie, des cauchemars, des scènes de violence intime, intrafamiliale, machiste, politique, mais sait aussi ménager des moments d’humour, de tendresse et de nostalgie dans un univers souvent sombre. L’auteure nous parle à travers la voix de nombreux personnages aux profils fort différents, hommes, femmes, enfants, pris dans des tourmentes affectives, des pulsions meurtrières, parfois, des élans d’amour ou de haine qui vont bouleverser leurs destinées. Pénétrer dans le for intérieur d’une galerie de personnalités singulières s’avère une expérience surprenante, captivante, qui s’inscrira durablement dans nos mémoires.

4ème de couverture du recueil Ainsi soit scie qui mal y pense rédigée par 

Marie Noëlle Hôpital

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Extrait de la nouvelle : Je l'aimais à la folie - Recueil Ainsi soit scie qui mal y pense :

Je l'aimais à la folie

« On n'est pas assez bien pour toi ? Ta famille n'est pas assez bien pour toi ? »

Elle avait dit cela, Odile, avec son regard bleu et froid, avec ses lèvres rose pâle resserrées sur sa colère, avec son chignon blond. Elle avait dit cela après la « rouste » sur mes jambes nues, c'est-à-dire mon corps recroquevillé, afin de laisser le moins de chair à violacer par les coups de savate. J'avais mal, mais ma rage contre ma tante m'insensibilisait. J'étais plus fort que les claques de la savate sur mes jambes, à bras redoublés, et « Mais tu vas obéir ?! » répété avec le moulinet des bras. « Qu'est-ce qu'ils ont les voisins de mieux que ta famille ? « 

Odile avait peur… Elle avait honte… honte que ma bouche parle d'eux... 

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Extrait de la nouvelle : Le cinquième commandement - Recueil Ainsi soit scie qui mal y pense :

Le cinquième commandement

Le cri revenait, il n'arrêtait pas, labourait son cerveau, exacerbait ses nerfs comme le feraient des aboiements de chien qui ne cesseraient pas. Son mal de crâne s'intensifiait. Non, jamais elle ne pourrait oublier ce qu'elle avait perpétré un certain jour de novembre. Elle avait tenté d'oublier. Mais comment enfouir, enterrer un acte innommable ? Quand il est perpétré, l'acte continue d'agir, comme une pierre jetée à l'eau. Les ondes s'élargissent jusqu'à l'infini, surtout si l'eau ne rencontre aucune borne. Et là, il n'y avait aucune borne au chagrin qu'elle avait créé dans l'âme de sa mère…

L'histoire de Caïn et Abel, on en parlait encore, après des millénaires, chez ceux qui croyaient littéralement aux légendes. Mais, en vérité, qui pouvait savoir ce qui se passait chaque jour entre les deux ? Oui, la jalousie était évidente aux yeux du père. Seule, sans doute, la mère avait fermé les yeux. L'aîné était son préféré tant il était fort, vigoureux comme un animal, tandis qu'Abel avec sa peau fine, ses cheveux blonds avait l'air d'un humain bien frêle. Mais cette jalousie de Caïn contre Abel, comment s'exerçait-elle ? Maintenant, on appelait cela le harcèlement. Caïn aurait nargué, tourmenté tous les jours son frère en douce, pour rester dans les faveurs de sa mère, jusqu'au jour où son désir d'ingérer, de posséder en lui et pour lui seul le plat de lentilles confectionné par sa mère... bâfrerie qui lui aurait fait commettre l'irréparable.

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Extrait de la nouvelle : Mon chien, c'est moi - Recueil Ainsi soit scie qui mal y pense

Mon chien, c'est moi

J'y avais dit d'pas y toucher. Pas poser ses grosses pattes poilues sur mon Bouboule. Y m'ont fait le coup en s'arrêtant d'un coup devant la décharge. Envie de l'tuer. C'est ma mère qu'a parlé. Elle a dit : On peut plus !  C'est pas possible de le garder. J'ai dit : Quoi ? Garder quoi ? Eh ben, Bouboule, qu'elle a dit, en prenant une voix de faux jeton. Elle l'a dit comme ça, en m'regardant par en d'ssous. Gilbert, il est allergique aux poils de chien. Le toubib, il a dit : Faut pu d'chien dans ses environs. Tu parles, que j'ai dit, il est pas allergique au lit ! Et, là, j'me suis reçu un gnon avec sa grosse paluche poilue. Ben quoi, qu'j'ai dit en r'gardant de travers Gilbert : T'aimes pas pioncer dans le plumard à ma reme ?

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Commentaires

  1. "Ainsi soit scie qui mal y pense", le titre de ce recueil de vingt cinq nouvelles écrites en 2020 par Nadia Leclerc, alias Nadja Sergueïevitch et publiées aux Editions de la Maison de l'Ecriture et de la Lecture , renferme à lui seul une énigme. Il nous fait voyager dans le temps et l'espace car trois concepts peuvent s'en dégager:
    -Le premier concept "Ainsi soit il" est religieux, chrétien et fataliste; il s'en remet à la volonté divine sans se soucier des drames humains et sans changer quoi que ce soit à la dure réalité.
    -Le deuxième concept, celui de "scie" nous renvoie au rêve, au fantasme, au souvenir qui revient comme une rengaine. La scie c'est la bribe de pensée que tout le monde a dans la tête; ici, c'est celle de l'auteur qui mêle le mal et la souffrance à l'espoir ou au désespoir, dans des contextes divers.
    -Le troisième concept "Honni soit qui mal y pense" est un concept chevaleresque et britannique qui date du seizième siècle; il signifie "dénoncer, vouer à la détestation et au mépris public de façon à couvrir de honte". A notre époque, nous savons que beaucoup de pays subissent le pouvoir fascisant avec la torture, la privation de liberté d'expression, et l'aliénation des classes sociales les plus défavorisées...

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